Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/50

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faisait venir directement ces soies à Chandernagor en confiant à des marchands indigènes le soin de les acheter sur place. La mauvaise qualité des soies ainsi obtenues détermina la compagnie à envoyer à Cassimbazar des employés qui l’achèteraient pour son compte et c’est ainsi que la loge fut constituée. Ce ne fut pas suffisant : les vendeurs de Cassimbazar et environs faisaient travailler la soie chez eux et n’y apportaient pas tous les soins nécessaires ; la soie était de qualité inégale et se vendait difficilement en Europe ; la compagnie se résolut alors de la faire virer à la loge. À cet effet, on achetait les potnis ou écheveaux de soie, tels qu’ils provenaient de la coque des vers ; il y avait des marchands qui rassemblaient ces potnis dans toutes les aldées voisines de Murshidabad jusqu’à près de trente lieues à la ronde.

Les vers fournissaient de la soie pendant onze mois de l’année. Celle de novembre à janvier était la plus fine et la meilleure parce que, dans cette saison qui est la plus fraîche du Bengale, les feuilles de mûrier sont extrêmement tendres. On appelait cette soie agni. Celle de février et de mars, dite soita, faisait la deuxième qualité. La soie d’avril, mai et juin était la plus mauvaise de toutes en raison de l’aridité du sol et formait la quatrième et dernière qualité ; on la nommait atchary. Enfin la soie de juillet, août et septembre, qui faisait la troisième qualité, était dite soie saony.

La compagnie n’achetait que les trois premières qualités : la quatrième était trop mauvaise. La première étant la plus estimée était aussi la plus