Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/51

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recherchée et la compagnie ne la trouvait pas toujours sur le marché. Les Anglais et les Hollandais, qui avaient toujours des avances alors que les Français devaient souvent vivre au jour le jour, se trouvaient naturellement dans une situation privilégiée pour leurs achats et c’étaient eux qui enlevaient de préférence les premiers approvisionnements. En 1752, on estimait que les Anglais achetaient environ 4 à 5.000 mans de soie[1], tant pour leur compagnie que pour leur commerce particulier ; les Hollandais allaient jusqu’à 2 ou 3.000 ; les Français n’avaient jamais pu dépasser 6 à 700. Mais ce commerce n’était rien en comparaison avec celui des marchands d’Hayderabad et de Delhi ni avec celui des Arméniens, agissant pour le compte des négociants de Surate ; l’ensemble de ce commerce indigène dépassait celui de tous les Européens.

On n’a jamais su d’une façon précise le bénéfice que ces établissements pouvaient procurer à la compagnie ; mais il y a lieu de croire qu’en temps normal et si aucune circonstance malheureuse ne venait contrarier les opérations, ces bénéfices devaient être considérables. Lorsque, sous un prétexte quelconque, le nabab voulait tirer des loges quelque argent, il envoyait des troupes autour des aldées pour empêcher les vivres d’y entrer. Chacune des loges s’en

  1. Il y avait deux sortes de man : le grand man estimé 75 livres ou 36 kil. 712 et le petit man estimé 25 livres ou 12 kil. 237.