Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/518

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à la subsistance et à l’entretien de sa maison, même jusqu’à le laisser insulter impunément par le nommé Chioubot et ses Marates qui, sous prétexte de n’être pas payés, entourèrent une fois sa tente et menaçant fer et flamme, le tinrent comme prisonnier jusqu’à ce que sur l’appel du prince, notre troupe marcha au plus vite pour le dégager. L’empereur me pria alors de ne le point quitter et de camper toujours dans son quartier. On auroit dit, à voir tout ce qui se passoit, que le but de Camgarkhan étoit de rebuter le prince, de manière à le forcer de quitter la partie et de se retirer au delà de Carumnassa [limite des dépendances du Bengale]. Peut-être c’est ce qu’il auroit pu faire de mieux. Ce fut à cette occasion qu’ayant quelquefois l’honneur de diner ou de souper avec Cha-Alem[1] le prince me parla à cœur ouvert sur le malheureux sort qui le poursuivoit ; voulant le sonder, je cherchai à lui persuader que sa sûreté et sa tranquilité éxigeoient qu’il tournât ses vues d’un autre côté que le Bengale. « Hélas ! me dit-il, tout est égal pour moi ; partout où j’irai, je ne peux trouver que des prétendants, nababs ou rajas accoutumés à une indépendance qui les flatte trop pour vouloir en sortir. Je n’ai cependant d’autres ressources qu’eux, à moins que le ciel ne se déclare pour moi par quelque coup extraordinaire.

  1. D’une manière très retirée, pour ne point choquer l’étiquette.