Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/520

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un feu très vif de grosses caytoques, duquel nous nous mimes à couvert le mieux que nous pûmes. Je fis dresser tout de suite moyennant quelques fascines, deux batteries de nos quatre plus fortes pièces contre la porte de la première enceinte. Les boulets ne faisoient que leur trou ; elle étoit soutenue derrière par un massif de pierres, de poutrelles liées avec la terre de caliman (terre grasse) de l’épaisseur de quinze ou seize pieds. Je me disposois en conséquence à la même manœuvre à peu près que celle que nous avions faite à Soupy. Heureusement le commandant de Mannepour nous en épargna la peine. Son logement étoit en arrière, plus élevé que la porte. Il étoit dans sa chambre, lorsqu’un boulet y entra par une petite fenêtre ; il en fut si effrayé qu’il demanda sur le champ à capituler. L’empereur et Camgarkhan envoyèrent aussitôt leurs pavillons pour prendre possession du fort ; mais le commandant ne voulut pas les recevoir et demanda que par une capitulation faite avec les Européens, il lui fut permis de se retirer avec sa garnison, armes et bagages, où bon lui sembleroit, ce qui fut accordé et exécuté sans différer. Je fis en conséquence arborer notre drapeau sur la porte. Nous bordâmes la haie pour laisser sortir la garnison forte d’environ neuf cens hommes, et lui ayant donné le tems de disparoître, l’empereur prit possession du fort. Nous n’y trouvâmes aucun canon de quelque calibre que ce fut. Il fallut donc renvoyer l’entreprise sur Tékary.