Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/524

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et ouvert, dit tout ce qui lui vint à l’esprit, capable de flatter l’amour propre de Camgarkhan et de lui témoigner la plus grande confiance. Sur quoi Camgarkhan sous prétexte de donner des ordres se retira. Le prince me dit qu’il falloit nécessairement voir où tout cela aboutiroit : je me rendis promptement à ma troupe, où je donnai les ordres que je crus nécessaires pour la nuit, crainte de surprise.

Le lendemain 15 Janvier, dès la pointe du jour, nous eûmes avis que l’ennemi étoit en marche et qu’il alloit paroître. Aucune disposition n’avoit encore été faite par Camgarkhan, qui s’en embarassoit très peu. Il fut cependant d’abord décidé qu’on resteroit dans le camp. Sur quoi je fis placer la troupe à couvert, tant bien que mal, d’un rideau le long duquel je fis mettre le canon où je crus pouvoir en tirer meilleur parti. Sur les six à sept heures, on aperçut l’ennemi qui s’avançoit en bon ordre, traversant un canal bourbeux dont on auroit pu lui disputer le passage, si on s’y étoit pris de bonne heure ; mais tout avoit été négligé. On crut quelque tems que l’ennemi alloit camper le long de ce canal ; mais le voyant s’avancer, l’ordre fut donné de marcher à sa rencontre. Toute l’armée fut bientôt hors du camp, divisée en plusieurs corps de cavalerie à la tête desquels étoient sur leurs éléphants, l’empereur et le généralissime Camgarkhan et autres principaux chefs. À peine sorti du camp, on s’arrêta pour attendre l’ennemi,