Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/526

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parti à prendre que de nous retirer ; ce que nous fîmes en assés bon ordre. Nous avions déjà eu quelques soldats et sipayes tués, une pièce de canon démontée que nous laissâmes sur le champ de bataille. Nous gagnâmes le village (Helsa) qui nous mit quelque tems à couvert. Comme l’ennemi s’étoit mis en marche pour nous poursuivre, nous fûmes arrêtés par des ravins et des canaux pleins de vase, où toutes nos pièces de canon se trouvèrent embourbées. Comme j’étois occupé à les faire dégager, les Anglois nous atteignirent et nous tournèrent de manière à couper toute retraite. Alors je me rendis prisonnier, avec trois ou quatre officiers et trente ou quarante soldats qui étoient aux pièces avec moi. Ce fut vers les quatre heures après midy du 15 Janvier 1761, moment qui ne pouvoit que m’être funeste et dont je ne pouvois guère éviter la maligne influence, puisque c’étoit celui de la reddition de Pondichéry[1], dont cependant j’étois éloigné de plus de trois cents lieues de chemin. Je perdis à cette journée tous mes bagages et beaucoup d’effets même précieux, surtout les papiers que j’avois reçus du prince[2].

  1. Ce fut le 15 janvier 1761 que M. Le Cte de Lally envoya M. Dure porter au colonel Coote les conditions qu’il demandoit pour la reddition de la place.
  2. L’addition suivante se trouve dans les manuscrits de l’India Office : beaucoup de notes et le dictionnaire persan que j’avois fait presque sur les seules lettres que j’avois reçues et celles que j’avois fait écrire depuis cinq ans : il contenoit déjà plus de quinze mille mots.