Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/535

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nous entrèrent avec une dextérité merveilleuse en faisant mille sinuosités par un labyrinthe à travers de rochers innombrables, et nous nous trouvâmes au bout de deux ou trois heures mouillés dans le fond d’un port où nous étions en sûreté. Quelque tems qu’il pût faire, deux minutes après l’anchre jettée, il n’y avoit plus un seul de nos matelots françois à bord, ils avoient mis leurs hardes en paquet dans le canot du bâtiment, et s’étoient jettés la plupart à la nage pour gagner terre[1].

Nous voici donc restés à bord avec M. Fobin et mon domestique. J’avois avec moi ma fille, enfant de quatre à cinq ans, et un autre enfant à peu près du même âge, le petit Lametrie que je voulois remettre à son oncle à St Malo. Je ne connoissois personne dans Breha, d’ailleurs j’aurois eu beau y avoir quelque connoissance, tout le monde en étoit décampé à plus de deux lieues à la ronde ; pas une âme ne vint à bord pour nous reconnoitre. On avoit pris l’alarme ; nous voyant entrer avec grand pavillon anglois déployé, pavillon rouge au grand mât, on s’étoit imaginé que c’étoit une descente que faisoient les Anglois. J’avois bien apperçu dans le lointain en entrant comme une garde de 25 ou 30 hommes en habits bourgeoise ou paysans, armés de fusils qui étoient sur une hauteur, mais au moment du mouillage tout avoit disparu. Que

  1. Ils furent tous du côté de St-Brieux, se présenter au commissaire.