Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/608

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n’est question dans leurs livres d’histoires et rien de plus naturel, qu’au défaut d’écritures, l’histoire de la création se soit conservée par tradition de père en fils, avec quelque ressemblance ; mais ce qui doit nous surprendre, c’est que les Brames savans soutiennent, que la religion juive et la mahométane fondée sur Moyse, et les prophètes, ne sont que des hérésies de leur religion. On voit dans leurs livres, dans le commencement du caljogue, qu’un fils d’un certain Raja Cham ayant apostasie de la religion des hindous, qui étoit alors généralement suivie dans toute la terre, avoit été chassé par son père, et qu’ayant pris la route de l’occident, il s’étoit établi dans un pays nommé Mogod où il fonda la religion des juifs, quelques uns prétendent trouver en cela, un raport avec Abraham et son père Tharé. Ce qui, au reste, peut absolument se faire, sans blesser notre religion. Ce seroit la vocation d’Abraham, autre ressemblance de plus.

Brimha, Bvishnou et Shieb furent employés à la création de l’univers ; comme les trois ne sont que des attributs de Brimh (Dieu), il est constant que les Brâmes entendent que la création ne s’est faite que par la seule volonté et toute puissance de Dieu ; il paroit même, dans les premiers commentaires de leur livre sacré dont je parlerai ci après, que, quoique les attributs personnifiés soient employés comme acteurs, la formation se fait par des fiat avec autant de simplicité et de majesté, que dans la Genèse ; mais les mêmes commentateurs jugeant qu’une création aussi simple ne pouvoit être sensible au peuple, et avoir sur lui l’effet qu’ils en désiroient, ont cru devoir entrer dans des explications, dans des détails, où introduisant sur la scène quantité de nouveaux acteurs (qui dans le fond ne sont que d’autres attributs personnifiés, dérivés les uns des autres, figurés souvent par des animaux, comme la raison fille de la sagesse, la force, la prudence, le bien, le mal, la vertu, le vice, la peur, la for-