Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/609

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tune, l’amour, la haine, etc.), ils sont venus à bout de présenter à l’esprit du peuple, dans la création et ses suites, de véritables farces auxquelles, faute d’explications, il a ajouté une foi implicite ; dans la suite des tems cela a donné à de nouveaux commentateurs occasion de produire comme vérités des histoires les plus absurdes, les plus obscènes que l’imagination puisse enfanter, et le tout uniquement pour cimenter les fondemens de l’autorité des Brames par la superstition et l’ignorance du peuple. Qu’on demande ce que tout cela signifie ? Les principaux indiens, les rajas qui sont instruits se mettent à rire, les plus raisonnables et les plus sages des Brâmes répondent gravement, que le tout n’est qu’allégories, dont il faut bien amuser les esprits faibles pour les contenir dans le devoir.

Au reste, fourberies des Brâmes à part ; il n’est pas moins vrai que la religion des Indiens originaires, est pure dans son principe, sans mélange de ce que nous nommons idolâtrie. Dans tous les pays du monde, l’idolâtrie n’est venue que par la captivité et l’ambition démesurée de ceux qui étoient chargés de ce qui regarde la religion. Celle des Indiens représente un seul Brimh (Dieu) éternel, tout puissant, présent partout, à qui il a plu dans la plénitude des siècles de créer les Debtahs (anges) pour participer à sa gloire ; les anges se révoltent, Brimh les punit, au bout d’un certain tems, il a pitié d’eux, et se sert de ses trois attributs pour créer l’univers, la terre, l’homme, tous les animaux connus ou inconnus, et procure par là aux anges coupables les moyens d’expier leur crime, de se purifier, de subir de nouvelles épreuves par lesquelles ils pussent mériter de regagner l’état heureux qu’ils avoient perdu.

Les expiations, les purifications se font par une transmigration des coupables, dans les corps de divers animaux, parmi lesquels la vache comme l’animal le plus précieux,