Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/611

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monté si haut que Brimh a cru devoir détruire son ouvrage par une révolution (c’est sans doute notre déluge universel dont les Indiens veulent parler). Ils comptent aujourd’hui près de 5.000 ans depuis cette époque ; alors parut Non (Noé) le seul des êtres raisonnables dans l’état d’épreuve qui méritât d’être conservé ; les Indiens reconnoissent en descendre. Il y avoit certainement dans Noé, vase d’élection, de quoi former une race de saints si tout lui avoit appartenu, mais malheureusement ce n’étoit pas lui qui animoit les corps qu’il formoit, ils étoient aussitôt envahis, ainsi que ceux que formoient ses fils et petits fils, par les Anges coupables, esprits pervers, endurcis, le rebut, le Caput mortuum pour ainsi dire de toute la troupe angélique, qui, après avoir passé par le creuset de trois jogues d’expiations, de purifications et d’épreuves, avoit déjà envoyé au ciel sa partie la plus pure. Sur quoi, on remarque en passant, que par la métempsycose on explique assez bien pourquoi un honnête homme aura pour fils, un très mauvais sujet, ce qu’on voit tous les jours, quoique naturellement le caractère du fils devroit tenir de celui du père ; il est vrai qu’on peut répondre aux Brâmes que le tout n’est que par hazard qui dépend beaucoup de la fidélité, ou infidélité des femmes. On pourroit même ajouter, ce qui ne leur plairoit pas, que c’est probablement pour se mettre à couvert du soupçon à cet égard, qu’ils ont inventé la métempsycose. Quoiqu’il en soit, la progéniture de Noé devint, même avant sa mort, si méchante par les efforts que les chefs des anges rébèles firent pour l’endurcir dans le crime que Brimha, Bishen et Shibah, c’est à dire la sagesse, la bonté et la justice de Brimh cédant aux prières des anges fidèles, se portèrent à faire passer sur la terre, un ange pour mettre par écrit et dicter aux mortels, les conditions de leur salut, dans l’espérance qu’ayant devant les yeux, le livre sacré contenant tous les devoirs moraux, ils seroient