Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/616

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Gontam, auteur du Shaster Meardisen (exhibition de la vérité), et donne la traduction de quelques passages de son livre qui est immense, c’est le livre favori des philosophes Gentils dans le Bengale, et toutes les provinces du nord de l’Inde ; mais il est rejetté par les sectateurs du Bhedang, l’auteur raisonne à posteriori, il considère l’état présent de la nature, les facultés intellectuelles d’où il tire ses conséquences pour remonter aux principes.

Je me souviens d’avoir quelquefois entendu parler d’un Gontam ancien philosophe indien ; mais je le prenois, comme ceux qui m’en parloient (c’étoient des Européens) pour le nom que les Indiens avoient donné à Pitagore qu’on sait avoir été dans l’Inde, et dont ils avoient les ouvrages ; il n’y a, cependant, aucune ressemblance entre les deux noms et toutes réflexions faites, il me paroit bien plus naturel de croire que c’est Pytagore qui, voyageant pour s’instruire, et étant dans l’Inde, aura pris de Gontam et des Brâmes les plus savans, tout ce qu’il aura cru convenable aux dogmes qu’il vouloit établir. Quoiqu’il en soit, on reconnoit dans ce livre toute l’ancienne métaphysique inintelligible, je veux dire de nos écoles. En lisant cette traduction abrégée de M. Dow, où il est question de substance, de tems, d’espace, d’atomes, de matière subtile, d’une autre plus subtile encore, d’êtres, de raison, d’accidents, de priorité, de postériorité, etc. je m’imaginais être encore en philosophie parlant beaucoup sur des matières que je ne comprenois guères ; « Les atomes de la matière subtile », dit Gontam, « infiniment petits, sont invisibles et éternels. Dieu ne peut faire les atomes, ni les annéantir par l’amour qu’il leur porte, et la nécessité de leur existence ; mais à tous égards ils servent à ce qui peut lui faire plaisir. » Quant aux principaux objets de la physique, son raisonnement est assez semblable à celui de nos philosophes modernes, excepté sur l’anatomie dont les Gentils ne peuvent avoir aucune connois-