Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/617

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sance exacte, la religion leur défendant de toucher des corps morts ; il réfute l’opinion des athées, et celles de ceux qui donnent tout au hazard. Le hazard, dit Gontam, « n’a qu’une existence momentanée, étant alternativement créé et annéanti dans des tems infiniment petits. Ce que nous nommons hasard n’est que l’effet des causes que nous ne pouvons pas appercevoir ».

Je ne crois pas que dans tout ce que je viens de dire, il y ait rien d’où on puisse conclure que la religion des Indiens originaires n’est que pure idolâtrie ; elle ne reconnoit qu’un être suprême avec ses attributs qui sont adorés sous diverses emblèmes ou figures. Les seules, même qui appartiennent véritablement aux principes de cette religion, sont celles de Brimha, Bishen et Shibah. Dira-t-on qu’adorer les attributs de Dieu sous de pareilles figures est idolâtrie ? Mais pourquoi n’accorderions nous pas aux Indiens ce que nous nous permettons à nous-mêmes ? N’adorions nous pas le saint Esprit sous la figure d’une colombe ? Que la toute puissance de Dieu soit représenté par un éléphant, le plus fort des animaux, par un homme ayant quatre têtes, huit bras, qu’y a t-il de si choquant ? On peut même dire que l’homme, l’éléphant, sont plus analogues que la colombe à ce que l’on veut représenter à l’esprit ; n’adorons nous pas la seconde personne de la Trinité sous la figure du pain, qui n’est plus pain, mais véritablement le corps de Notre Seigneur ce qui certainement, est bien plus incompréhensible que de dire un homme qui a huit bras, quatre têtes, ou bien un éléphant désigne la force, la toute puissance d’un Être suprême, à qui rien n’est caché ? mais dira-t-on, la vraie signification de ces figures multipliées à l’infin, sous des formes indécentes, accompagnées d’histoires les plus obscènes, n’est plus aujourd’hui dans l’esprit des peuples qui, ayant perdu le sens des emblèmes, y ont substitué l’existence réelle d’autant de divinités qu’ils adorent