Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/85

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de l’empire, ils eurent soin de prévenir les mauvais desseins des vicerois en parcourant eux-mêmes les provinces, dès qu’ils s’apercevoient que leur présence pouvoit être de quelque utilité, et surtout en ménageant bien leur trésor d’épargne, auquel ils ne dévoient toucher que dans le cas le plus pressant.

On peut dire, il est vrai, que le gouvernement mogol n’étoit jamais sans quelque émotion ; il n’étoit guère possible que cela fut autrement par sa constitution et son étendue. On sent bien que des vicerois, maîtres de lever, et autorisés même à entretenir une armée de 25 a 30 mille hommes, quelquefois bien plus, à cause des guerres qu’ils avoient à soutenir contre les rajas, dévoient être souvent tentés de se rendre indépendants, surtout si l’on fait attention à la manière dont les troupes servent dans l’Inde : l’éloignement, les occupations du prince dévoient les y inviter ; mais c’étoit à lui et à son vizir à remédier au mal dans le principe, ce qui pouvoit être assez aisé avec une armée aussi bien disciplinée que la coutume du pays le pouvoit permettre, bien payée et toujours en état de se transporter avec rapidité d’un bout de l’empire à l’autre. Telle étoit, à ce qu’on prétend, l’armée d’Aurengzeib ; c’est le règne le plus heureux qu’il y ait eu ; après quelques années de troubles excités par lui même pour sa propre élévation, après bien des cruautés qu’il croyoit nécessaire pour sa sûreté, il étoit parvenu à se