Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/87

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arcaras ou espions que la cour entretenoit, et avoit prompte justice par une police observée rigoureusement. Le voyageur étoit en sûreté ; dans quelque endroit que se commit un vol, que le coupable fût trouvé ou non, le commandant du lieu étoit obligé de le restituer et de répondre de tous les crimes qui interessoient le public.

On a de la peine à concevoir comment un peuple peut être heureux dans un gouvernement où la volonté du prince est au dessus de tous ; ce bonheur en effet n’est que passager et n’empêche pas que le citoyen ne soit toujours inquiet par la crainte du changement qui ne peut manquer d’arriver ; si ce n’est dans la conduite même du prince, ce sera à coup sûr, dans celle de son successeur. D’ailleurs, comment concilier ce bonheur prétendu du peuple avec sa pauvreté ? c’est ce qui donne lieu de penser que le gouvernement mogol est un composé de tirans qui reconnoissent tous un même empereur plongé comme eux dans la débauche et qui dévorent la substance du peuple, qu’il n’y a dans ce pays aucune cour de justice dépositaire des loix qui puissent protéger le foîble. Cela demande explication.

Le tableau qu’on se fait est assez vrai quant à l’état présent de l’empire ; mais avant la révolution de Nadereha, il y a eu des règnes pendant lesquels les vicerois ont gouverné avec douceur, ont été soumis aux ordres de la cour, exacts à payer les revenus, et très attentifs à faire rendre