Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/96

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particulier, et uniquement entretenus ou employés pour le service de la nation ; c’est un point de réunion que nous avons pour les esprits, et dont les Indiens n’ont pas la moindre idée. J’ai voulu quelquefois leur faire comprendre, sans pouvoir y parvenir, certaines règles établies parmi nous qui font la baze de toute la conduite, tant du général que des officiers ; leur dire que les officiers et soldats de mon détachement n’étoient pas à moi, que je ne pouvois disposer de leurs services à ma fantaisie, que je n’étois pas le maître de hausser ou baisser la paye, encore moins de sauver la vie à un soldat prouvé déserteur, enfin que tout ce que je pouvois acquérir par concessions, contributions ou autrement, ne m’appartenoit pas ; c’étoit leur dire qu’un et un ne font pas deux.

Le prince dans l’Inde n’a qu’une armée, c’est celle où il se trouve en personne ; encore, à dire vrai, n’en a-t-il qu’une partie, elle se réduit à sa garde particulière. Toutes les autres armées dans l’empire, y en aurait-il mille, ne le connoissent pour ainsi dire point ; le soubahdar le connoit sans doute, il en reçoit des ordres auxquels il doit se conformer, mais ses vues particulières ont toujours la préférence ; à l’égard des généraux, des officiers et soldats qui sont sous le soubahdar, aucun ne s’embarasse du motif qui le fait agir, on supose toujours qu’il se règle sur ses propres intérêts, on ne conçoit pas que cela puisse être