Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/97

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autrement ; et tout soubahdar qui n’auroit en vue que l’intérêt du prince passeroit sûrement pour une bête. C’est le soubahdar en effet qui prend les généraux comme il lui plait, ils n’ont aucune commission du prince ; le général ou chef choisit ses officiers qui n’ont rien à démêler avec le soubahdar, et l’officier engage le soldat qui ne répond qu’à l’officier. Par exemple, dans le Bengale qui fait un des plus grands soubahs de l’empire, il y aura, peut être, cinquante chefs dont quelques uns auront trois mille hommes, les autres mille, ou cinq cent, plus ou moins selon l’état de leurs bourses ; de ces cinquante chefs il y en aura plus de la moitié qui, en tems de paix, seront sans service ; ils se soutiennent comme ils peuvent par les revenus de leurs djaguirs. S’ils apprennent des troubles dans quelque autre partie de l’empire, ils quittent la province et vont chercher fortune ailleurs. Si le soubahdar est dans le cas de faire des levées, pour lors, il prend à son service tel nombre de ces chefs qu’il juge à propos ; il fait marché avec chacun d’eux pour tel nombre de cavaliers, tel nombre de fusiliers ; enfin ils s’accommodent, et chaque chef, pour completter sa troupe, prendra à son service des officiers subalternes qui auront avec eux quelques cavaliers et fusiliers, dix, douze, quinze, plus ou moins. Si le soubahdar ne trouve pas dans ses dépendances des chefs qui lui conviennent, il en fera venir des autres provinces, même des plus