Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/98

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reculées, si la réputation du chef mérite qu’il en fasse la dépense.

Voilà donc l’armée du soubahdar sur pied. Tous ces nouveaux chefs ont autant de pouvoir que les anciens ; ils sont tous indépendants les uns des autres, avec cette différence, que plus un chef a de troupes à lui plus le soubahdar est disposé à lui donner les commandemens particuliers. S’il s’agit d’envoyer un fort détachement, on fera partir plusieurs chefs ; mais celui qui aura le plus de troupes à lui, est presque toujours sûr d’avoir le commandement. Si l’expédition mérite la peine, le soubahdar se met à la tête de son armée, et donne le commandement général à son Bockshis, qui, étant sous les yeux du maître, est ordinairement exact à exécuter ses ordres, mais lorsque le soubahdar est absent, le Bockshis peut faire tout ce qu’il veut ; il pourra même se faire déclarer soubahdar, à moins qu’il n’y ait d’autres obstacles que ceux qu’il trouveroit dans l’armée qu’il commande ; les difficultés de ce côté là seroient bientôt levées avec de l’argent, le tout est de faire en sorte qu’on en ait une bonne provision.

Ils ont dans l’Inde une maxime générale qui est de se battre pour celui qui les nourrit ; et c’est de là, je m’imagine, que l’on a donné le nom de Bockshis au général. Ce mot désigne proprement celui qui paye mais dans un sens oriental, car Bockshis est un verbe qui veut dire donner par