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Page:Martinesisme, Willermosisme, Martinisme et Franc-Maçonnerie.djvu/67

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que la Révolution n’eût pas été possible si des efforts considérables n’avaient été précédemment faits pour orienter dans une nouvelle voie l’intellectualité de la France. C’est en agissant sur les esprits cultivés, créateurs de l’opinion, qu’on prépare l’évolution sociale, et nous allons trouver maintenant une preuve péremptoire de ce fait.

Le 25 juin 1740, le duc d’Antin, grand maître de la Franc-Maçonnerie pour la France, prononçait un important discours dans lequel était annoncé le grand projet en cours ; témoin l’extrait suivant :

« Tous les grands maîtres en Allemagne, en Angleterre, en Italie et ailleurs, exhortent tous les savants et tous les artisans de la confraternité de s’unir pour fournir les matériaux d’un dictionnaire universel des arts libéraux et des sciences utiles, la théologie et la politique seules exceptées. On a déjà commencé l’ouvrage à Londres ; et, par la réunion de nos confrères, on pourra le porter à sa perfection dans peu d’années. »

MM. Amiable et Colfavru, dans leur étude sur la Franc-Maçonnerie au XVIIIe siècle, ont saisi parfaitement l’importance de ce projet puisque, après avoir parlé de l’English Cyclopedia de Chambers (Londres 1728), ils ajoutent :

« Bien autrement prodigieux fut l’ouvrage publié en France consistant en 28 vol. in-fo dont 17 de texte et 11 de planches, auxquels vinrent s’ajouter ensuite cinq volumes supplémentaires, ouvrage dont l’auteur principal fut Diderot, secondé par toute une pléïade d’écrivains d’élite. Mais il ne lui suffisait pas d’avoir