Page:Martinov - De la langue russe dans le culte catholique, 1874.djvu/46

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suppression comme condition nécessaire à la russification du pays. MM. Derevitski et Kouline placent la source du mal dans le catholicisme lui-même, dont le polonais, disent-ils, est inséparable. Quant aux motifs qu’ils font valoir contre l’introduction du russe dans l’Église catholique, on peut les réduire aux deux suivants : 1° le moyen choisi est inefficace ; 2° il est préjudiciable à la religion dominante de l’empire. Le premier de ces motifs nous fournira plus d’un argument en faveur de notre thèse ; quant au second, s’il ne la favorise pas, il n’a rien non plus qui présente une objection sérieuse, ainsi qu’on le verra plus loin.

Avant d’entrer dans des détails, je dois indiquer la source où ont été puisées les données qu’on va lire. N’ayant pas, à mon grand regret, le texte original des quatre mémoires, il a fallu me contenter des citations qu’en a faites le Messager russe dans sa livraison de septembre 1867 (p. 316-392), où il en fait une critique aussi détaillée que partiale.

I. — Commençons par le mémoire de M. Samarine[1], portant la date du 7 mars 1866.

L’auteur débute par faire ressortir le tort que, selon lui, le maintien du polonais causerait à l’œuvre de la russification des provinces occidentales. Il voit dans la langue polonaise non seulement un instrument de propagande catholique, mais encore le symbole d’une nationalité ennemie, rappelant sans cesse au peuple les souvenirs de la domination passée de la Pologne, un anneau qui rattache ces provinces par un lien organique à Varsovie, centre de leur gravitation. Aussi applaudit-il à la mesure par laquelle le gouvernement a exclu le polonais du programme scolaire de ses établissements ; toutefois il estime que la mesure était insuffisante puisqu’elle laissait intact l’usage du polonais dans la sphère religieuse. Or, reconnaître le polonais comme langue de la prière publique et de la prédication, c’est en assurer le maintien absolu, c’est paralyser toutes les autres mesures tendant à restreindre l’usage de cet idiome. Il conclut donc à la nécessité de le défendre absolument dans le culte public. En même temps, il s’oppose formellement à ce qu’on substitue au polonais la russe. D’après lui, l’introduction de la langue russe

  1. Il ne faut pas le confondre avec M. Georges Samarine, publiciste renommé.