Page:Martinov - De la langue russe dans le culte catholique, 1874.djvu/51

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l’habitude de lire, d’entendre, de chanter en polonais, sous peine d’exciter de justes mécontentements de leur part ; il faudra organiser la prédication et la confession en russe, l’introduire dans l’enseignement de l’académie ecclésiastique de Saint-Pétersbourg. En un mot, il s’agit de créer toute une littérature théologique et historique, première difficulté (p. 351).

Une autre difficulté vient de ce qu’on sera obligé de traduire en russe les offices composés en l’honneur de certains saints, tels que Josaphat, archevêque de Polotsk, et André Bobola, jésuite, que les Russes considèrent comme persécuteurs de leur religion.

Voici une nouvelle difficulté. Combien d’années ne faudra-t-il pas consacrer à ces travaux, et où trouver des hommes qui voudraient s’en charger ? M. Kouline est convaincu qu’aucun Russe vraiment « orthodoxe » ne consentira à se mêler d’une pareille besogne, et qu’elle sera faite par des catholiques dévoués au pape avec le concours du P. Martinov, Petchorine[1] et de leurs semblables. Plût à Dieu qu’on me fît l’honneur de m’associer à une si belle œuvre, et qu’ainsi fussent comblés les vœux les plus chers à mon cœur et que je ne suis pas seul à nourrir.

Après avoir parlé des difficultés qu’offrent ces travaux déclarés égyptiens et indignes d’un orthodoxe, l’auteur passe aux qui résulteraient de l’introduction du russe dans l’Eglise catholique. Les développements dans lesquels il entre à ce sujet ne diffèrent de ceux des mémoires précédents que par la forme et aussi par une nuance plus prononcée de slavophilisme.

Une des erreurs de la coterie slavophile consiste à dire que la nation russe ne petit être qu’orthodoxe, que l’orthodoxie (c’est-à-dire le schisme grec) est un élément constitutif de la nationalité russe ! M. Kouline déclare formellement qu’un hétérodoxe peut bien être un sujet fidèle de Sa Majesté Impériale, mais qu’il n’aura jamais l’esprit russe. Il en conclut que les Ruthènes catholiques des provinces occidentales doivent revenir à la religion dominante : « Voilà, s’écrie-t-il, notre tâche à la fois sublime et

  1. Vladimir Petchorine est un Russe converti. Helléniste distingué, il occupait autrefois une chaire à l’université de Moscou ; aujourd’hui il remplit les fonctions de prêtre en Irlande. On a de lui de charmantes poésies en russe.