Page:Martinov - De la langue russe dans le culte catholique, 1874.djvu/70

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et catholique, partout où on les trouve, que ce soit dans les rites ou dans la langue.

Maintenant, voici les conséquences désastreuses qui ne tarderont pas à se produire, supposé que le gouvernement arrive à réaliser ses plans. Les églises devenues désertes ; la piété des fidèles refroidie, presque éteinte ; les sacrements abandonnés ; la religion catholique menacée d’une ruine générale dans le pays ; les défections, aussi nombreuses qu’inévitables, allant grossir les rangs des incrédules et des hérétiques ou passant en masse au schisme ; tous les ennemis de l’Eglise triomphant et l’enfer dilatant ses abîmes pour dévorer les âmes.

Telles sont les craintes, hélas ! trop légitimes que l’introduction de la langue russe dans le culte catholique inspire aux populations occidentales et que partagent les âmes remplies d’ailleurs des sentiments les plus bienveillants à l’égard du grand empire de Russie.

Il se présente ici une grave objection qui réclame une réponse. On nous dit que la langue russe introduite dans le culte catholique est un moyen efficace de propagande que le gouvernement, sans s’en douter peut-être, met entre les mains de l’Église, et que, au moins sous ce rapport, la mesure prise a le caractère bienfaisant d’une faveur plutôt que d’une prescription hostile à la religion catholique. L’argument ne manque pas d’être spécieux, et, à vrai dire, c’est celui qui est le plus souvent produit non seulement par certains catholiques et les orthodoxes « bien intentionnés », mais encore par les adversaires déclarés du catholicisme. Nous avons vu avec quelle unanimité les auteurs des quatre mémoires faisaient valoir le même argument pour dissuader l’introduction de la langue russe dans le culte, d’accord en cela avec tous les écrivains du parti slavophile de Moscou, et avec M. Aksakov, à leur tête[1]. Ceux-ci s’en font un fantôme épouvantable, ceux-là, au contraire, le prennent pour un gracieux mirage. Les uns et les autres sont à côté de la réalité.

Ah ! s’il était libre aux Russes d’embrasser la religion catholique pour obéir à la voie de la conscience ; si la liberté religieuse

  1. Journal Le Dieu, no 13 de 1864 et passim.