intéresse l’histoire de notre langue ; plusieurs passages des biographies dont l’ouvrage se compose, s’y rapportent aussi. On y assiste aux courageux et stériles efforts de Mlle de Gournay, la fille d’alliance de Montaigne, en faveur de tant d’anciens mots définitivement proscrits ; on y voit Mme de Rambouillet, très fréquemment consultée dans les doutes sur le langage, préférer, après quelque hésitation, serge, qui était alors la prononciation populaire, à surge, que toute la cour adoptait ; enfin on y admire le stoïcisme grammatical de Vaugelas qui, pauvre et obéré, refuse de faire sa fortune à l’aide d’un néologisme. Un Lyonnais, nommé Chuynes, offrait de l’intéresser dans une loterie, imitée de celles qui existaient en Italie ; il ne voulut y consentir qu’à la condition que ce jeu prendrait le nom fort connu de blanque, ce qui suffisait pour faire échouer l’entreprise. Cette jolie anecdote est devenue populaire par l’emploi qu’en a fait Frédéric Soulié dans un roman intitulé la Nièce de Vaugelas, où le caractère du savant grammairien est d’ailleurs complètement altéré.
Quelques étourderies viennent gâter certains passages de l’aimable livre de M. Livet. Il dit, par exemple : « La dernière œuvre dramatique de Scudéry est Arminius, qu’il avait évidemment composé pour rivaliser avec le Cinna, de Corneille… Nous avons trop longuement parlé déjà du théâtre de Scudéry pour pouvoir insister sur cette pièce ; nous nous bornerons à remarquer que le fameux vers :
Que peut signifier ce passage ? Cinna est de 1640, Arminius, que, suivant M. Livet, Scudéry avait l’inten-