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PHILOLOGIE COMPARÉE SUR L’ARGOT

philosophique, linguistique et littéraire sur l’Argot, où l’on trouve à chaque instant des locutions qui n’ont pas encore été recueillies ; du reste, de nos jours, les documents de ce genre abondent.

Peu de temps après l’incroyable succès du roman publié par M. Eugène Suë dans le Journal des Débats, Vidocq fit paraître un livre intitulé Les vrais Mystères de Paris. Cet ouvrage, bien que fort médiocre, méritait peut-être quelque attention, car il a été annoncé comme écrit dans le jargon alors en usage, tandis qu’on a reproché au romancier d’avoir puisé dans les Lexiques connus un langage déjà vieilli. Nous nous contenterons de relever en passant un seul terme fort caractéristique, qui manque dans le recueil de M. Francisque Michel.

Tout le monde connaît cette triste maxime : « La parole a été donnée à l’homme pour déguiser sa pensée. » On l’attribuait à Talleyrand, avant que M. Édouard Fournier l’eût restituée à M. Harel, qui, lui-même, en avait trouvé le germe dans Voltaire ; l’argot, avec son énergique concision, la renferme en un seul mot, il appelle la langue : la menteuse.

Je rencontre encore cette expression dans un affreux livret in-18, signé Halbert d’Angers, dont voici le titre quelque peu redondant : Le Nouveau Dictionnaire complet du jargon de l’argot, ou le langage des voleurs dévoilé ; contenant tous les mots usités, reconnus et adoptés, suivi des nouveaux genres de vols et escroqueries nouvellement employés par eux, et terminé par des chansons en français et en argot. Cet ouvrage renferme beaucoup de termes curieux, mais pour la plupart fort libres, qu’un lexicographe doit admettre dans son ouvrage à cause de la triste nécessité où il se trouve de le rendre complet, mais qui ne sauraient être supportés ailleurs ; nous ne citerons donc que les locutions suivantes, les seules qui puissent trouver place ici : nourrir le poupart, pour préparer le vol ; repoussant, pour fusil ; nombril, pour