Page:Marx - Différence de la philosophie de la nature chez Démocrite et Épicure.djvu/116

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[Diog. X 63]

L’intérêt est ici encore la différence spécifique du feu et de l’air vis-à-vis de l’âme, pour prouver l’adéquation de l’âme au corps ; l’analogie y est employée, mais aussi supprimée, ce qui est en général la méthode de la conscience qui forge des fictions[1] ; ainsi s’effondre toute concrète détermination en soi-même et un écho purement monotone prend la place du développement.


[Extraits de Diog. X 63-64]

Nous avons vu que les atomes, pris entre eux abstraitement, ne sont pas autre chose que des êtres représentés comme existant, et que c’est seulement dans leur collision avec le concret qu’ils développent leur idéalité fictive et donc embrouillée dans des contradictions ; ils démontrent de même, en devenant l’un des côtés du rapport, — quand on en vient à des objets qui portent en eux-mêmes le principe et son monde concret (le vivant, l’animé, l’organique) —, que le royaume de la représentation est pensé tantôt comme libre, tantôt comme le phénomène d’une chose idéelle. Cette liberté de la représentation est donc elle aussi une liberté purement pensée, immédiate, fictive, ce qu’est

  1. . L’analogie est le caractère de la méthode de la philosophie de la représentation :

    — elle procède par images, ressemblances, contiguïtés, symboles (comme la magie et l’herméneutique) ;

    — elle part de la représentation elle-même (sens commun) et non de l’idéel lui-même. L’atomistique est une philosophie de la conscience et non une logique au sens hégélien. Elle définit l’idéel avant tout négativement, comme une radicalisation de la représentation. Son intérêt est donc, moins que son contenu littéral, la contradiction dans laquelle la place cette démarche et qui révèle l’idéel dans le représenté. C’est aussi ce qui explique que l’atomistique donne une telle importance à la conscience individuelle du philosophe (du sage).

    La conscience qui représente est donc la conscience abstraite, coupée du monde concret. Son rapport à l’être a pour caractère cette extériorité de la réflexion que Hegel définit comme le moment de l’essence. Dans l’atome, cette extériorité est inscrite dans l’être.