Page:Marx - Différence de la philosophie de la nature chez Démocrite et Épicure.djvu/149

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en dehors de lui ; le seul bien qu’il possède en rapport au monde est le mouvement négatif qui consiste à être libre à l’égard de ce monde.

Le fait que tout ceci soit conçu chez Épicure de manière individuelle tient au principe de sa philosophie, philosophie qu’il développe dans toutes ses conséquences. Le procédé syncrétique et privé de pensée de Plutarque ne saurait rivaliser avec. [Extraits de Plut. De eo quod. 1092, 1094, 1095, 1097, 1099]

[Le rapport de l’homme à Dieu]
[1. La crainte et l’être transcendant]

La polémique de Plutarque contre la théologie d’Épicure est plus digne de considération que les insipides reproches d’ordre moral qui précèdent, non pas pour elle-même, mais parce qu’elle montre que la conscience commune, qui se tient dans l’ensemble sur le sol épicurien, ne redoute que la franchise de la rigueur philosophique. Et à ce sujet, on doit toujours avoir à l’esprit qu’Épicure ne s’intéresse ni à la voluptas (jouissance), ni à la certitude sensible, ni à quoi que ce soit hormis la liberté et l’absence de détermination de l’esprit. C’est de ce point de vue que nous allons parcourir les considérations particulières de Plutarque. [Extrait de Plut. De eo quod. 1101]

La crainte de Dieu au sens où l’entend Épicure, Plutarque ne la comprend absolument pas ; il ne conçoit pas que la conscience philosophique souhaite s’en libérer. L’homme du commun ne connaît pas cela. Plutarque nous apporte donc des exemples triviaux tirés du monde empirique, qui montrent combien peu cette croyance effraie le public.

À la différence d’Épicure, Plutarque commence par considérer la croyance en Dieu des πολλοί (de la multitude) ; il dit que chez eux cette tendance a sans doute d’un côté la figure de la crainte ; la peur sensible est la seule forme sous laquelle il peut concevoir l’angoisse de l’esprit libre devant