Page:Marx - Différence de la philosophie de la nature chez Démocrite et Épicure.djvu/150

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un être personnel tout-puissant, absorbant en lui la liberté, donc la niant en dehors de lui. Maintenant il estime :

1. Que ces gens qui craignent, δεδιότες γὰρ ὥσπερ ἄρχοντα χρηστοῖς ἤπιον, ἀπεχθὴ δὲ φαύλοις ἐπὶ φόβῳ. δι’ὂν οὐ δέουσι πολλῶν, ἐλευθεροῦνταί τε τοῦ ἀδικεῖν καὶ παρ’ αὐτοῖς ἀτρέμα τὴν κακίαν ἔχοντες οἶον ἀπομαραινομένην, ἧττον ταράττονται τῶν χρωμένων αὐτῇ καὶ τολμώντων, εἰτʹεὐθὺς δεδιότων καὶ μεταμελομένων[1]. [Plut. De eo quod. 1101,21]

Ainsi, c’est cette crainte sensible qui les garde du mal, comme si cette crainte immanente n’était pas le mal ? Quel est donc le noyau du mal empirique ? C’est que l’individu singulier s’enferme dans sa nature empirique contre sa nature éternelle ; mais n’est-ce pas la même chose que lorsqu’il exclut de lui sa nature éternelle, la saisit dans la forme de la persistance de la singularité en soi, de l’empirie, et donc la contemple, comme un Dieu empirique, en dehors de lui ? Ou bien l’accent doit-il être mis sur la forme de la relation ? Ainsi, Dieu punit les méchants, est clément aux bons, et le mal est ici mal pour l’individu empirique et le bien, bien pour l’individu empirique, car d’où pourraient sinon provenir cette crainte et cet espoir, étant donné qu’il s’agit pour l’individu du bien et du mal qui le concernent ? Dieu sous ce rapport n’est rien d’autre que la communauté de toutes les conséquences que peuvent comporter des mauvaises actions empiriques. Ainsi, c’est de peur que le bien que l’individu empirique se gagne dans une mauvaise action engendre des maux plus grands et qu’un plus grand bien lui échappe qu’il n’agit pas mal, afin que la continuité de son bien-être ne soit pas dérangée par la possibilité immanente d’être arraché à celle-ci ?

  1. En effet, craignant Dieu comme un maître clément aux bons et hostile aux méchants, par cette seule crainte, qui ne les prive pas de grand-chose, ils sont préservés des mauvaises actions ; ils conservent en eux, sans trouble, leur disposition au mal qui se flétrit, et ainsi sont moins troublés que ceux qui s’adonnent à cette disposition et s’aventurent, pour être ensuite soudain saisis par la crainte et le repentir.