Page:Marx - Différence de la philosophie de la nature chez Démocrite et Épicure.djvu/151

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N’est-ce pas la même chose qu’Épicure enseigne avec netteté : agis avec franchise et sérieux pour ne pas garder la crainte continuelle d’être puni. Ce rapport immanent de l’individu à une ἀταραξία est ici établi comme le rapport à un dieu qui est en dehors de l’individu, mais qui encore une fois n’a d’autre contenu que précisément cette ἀταραξία laquelle est ici continuité du bien-être. La crainte de l’avenir, cet état d’innocence est ici interpolé dans la lointaine conscience de Dieu, considéré comme un état qui préexiste déjà en elle, mais aussi d’abord comme menace, donc exactement comme dans la conscience individuelle.


[2. Le culte et l’individu]


En second lieu, Plutarque déclare que cette tendance vers Dieu donne aussi de la voluptas. [Extrait de Plut, de eo quod 1101]

Il raconte plus loin que des vieillards, des femmes, des commerçants, des rois trouvent de la joie lors de fêtes religieuses. [Extrait de Plut, de eo quod 1102]

Il faut examiner d’un peu plus près la manière dont Plutarque décrit cette joie, cette voluptas.

Il dit d’abord que l’âme est le plus souvent délivrée de la tristesse, de la crainte et du souci, quand Dieu est présent. La présence de Dieu est donc déterminée comme la délivrance de l’âme à l’égard de la crainte, de la tristesse, du souci. Cette libération s’extériorise dans une allégresse débridée, car c’est l’extériorisation positive opérée par l’âme individuelle de cet état qui est le sien.

Plus loin : l’état de différence fortuit de la situation individuelle disparaît dans cette joie. C’est donc le fait que l’individu se vide de ses déterminations extrinsèques qui est déterminé dans cette fête, c’est l’individu comme tel, et c’est une détermination essentielle. Enfin, ce n’est pas la jouissance séparée mais au contraire la certitude que le dieu n’est rien de séparé, mais que son contenu est de se réjouir de la joie de l’individu, de laisser descendre vers elle son