Page:Marx - Différence de la philosophie de la nature chez Démocrite et Épicure.djvu/152

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regard avec bienveillance, donc d’être lui-même dans la détermination de l’individu qui se réjouit. Ce qui donc est ici divinisé et fêté comme tel, c’est l’individualité divinisée comme telle, libérée de ses souffrances coutumières : le σοφός d’Épicure avec son ἀταραξία. C’est la non-existence de Dieu comme dieu, et son existence comme joie de l’individu qui sont l’objet des prières. Outre celle-là, ce Dieu n’a aucune détermination. Bien plus, la forme véritable dans laquelle cette liberté de l’individu ressort ici, c’est l’esprit, l’esprit singulier, sensible, l’esprit qui passe d’abord par le stade du trouble. Cette ἀταραξία plane ainsi en tant que la conscience universelle au-dessus de la tête des hommes ; mais son phénomène est la voluptas sensible comme chez Épicure ; mais chez ce dernier est conscience totale de la vie ce qui ici est état vivant singulier. C’est pour cela que, chez Épicure, le phénomène individuel est plus indifférent et plus animé par son âme, l’ἀταραξία, alors qu’ici cet élément se perd davantage dans la singularité, et les deux éléments, immédiatement mêlés, sont aussi de ce fait immédiatement différents. Aussi pitoyable est la distinction du divin que Plutarque fait prévaloir contre Épicure. Pour faire encore une remarque, quand Plutarque dit que certains rois ne prennent pas autant de plaisir à leurs publicis conviviis et viscerationibus qu’aux banquets sacrificiels, cela veut seulement dire que dans le premier cas la jouissance est considérée comme quelque chose d’humain et de fortuit, mais qu’ici elle est considérée comme quelque chose de divin, la jouissance individuelle est considérée comme quelque chose de divin) ; ce qui est donc tout à fait épicurien.


[3. La Providence et le Dieu dégradé]


Dans ce rapport des πονηροί et πολλοί[1] (des imperfectibles et de la grande masse) à Dieu, Plutarque distingue le rapport des βέλτιστον ἀνθρώπων καὶ θεοφιλέστατον γένος[2].

  1. Les méchants et la grande masse.
  2. Les hommes excellents, remplis d’amour pour Dieu.