Page:Marx - Différence de la philosophie de la nature chez Démocrite et Épicure.djvu/153

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[Plut. de eo quod 1102, 22]. Nous allons voir ce qu’il gagne ici sur Épicure. [Extrait de Plut. de eo quod 1102]

Le sens philosophique du fait que Dieu est le ἡγεμὼν ἀγαθῶν et le père πάντων καλῶν (seigneur des bons… père de toute beauté) est que ce n’est pas un prédicat de Dieu, mais que l’idée du bien est le divin lui-même. Mais dans la détermination de Plutarque, il y a un tout autre résultat. Le bien est pris dans l’opposition la plus rigoureuse avec le mal, car le premier est une manifestation de la vertu et de la puissance, le second une manifestation de la faiblesse, de la privation et de la vilenie. Le jugement émane donc de Dieu, la différence est éloignée, et c’est justement un axiome d’Épicure qui pour cette raison trouve logiquement cette absence de différence qui est le propre de l’homme, aussi bien en théorie qu’en pratique, dans son identité immédiate, la sensibilité, dans Dieu conçu comme vide, pur otium (loisir). Le dieu que l’éloignement du jugement hors du monde définit comme le bien est le vide, car chaque état déterminé porte en lui un côté qu’il maintient en l’opposant à un autre, et se referme sur lui-même, manifeste dans l’antithèse et la contradiction son ὀργή, sa μι̃σος et son φόβος (colère… haine… angoisse), à l’idée de s’abandonner. Plutarque a donc la même détermination qu’Épicure, mais chez lui ne se trouve que comme image, comme représentation ce qu’Épicure nomme par son nom conceptuel et que l’image humaine écarte.

C’est pour cela que la question suivante sonne mal : ἆρά γε δίκης ἑτέραι οἴεσθε τοὺς ἀναιροῦντας τὴν πρόνοιαν, καὶ οὐχ ἱκανὴν ἔχειν, ἐγκόπτοντας ἑαυτῶν, ἡδονὴν καὶ χαρὰν τοσαύτην[1]. [Plut. de eo quod 1102, 22-1103]

Car il faut au contraire affirmer que celui qui regarde le divin comme la pure béatitude en soi, sans l’affubler de tous les rapports inconceptuellement anthropologiques, ressent plus de volupté à sa contemplation que celui qui a l’at-

  1. . Croyez-vous que ceux qui nient la Providence méritent une autre punition et qu’ils ne soient pas suffisamment punis, écartant d’eux le plaisir et la joie ?