Page:Marx - Différence de la philosophie de la nature chez Démocrite et Épicure.djvu/154

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

titude inverse. C’est déjà la béatitude elle-même que d’avoir la pensée de la pure béatitude, même si elle est conçue aussi abstraitement que chez les moines indiens. En outre, Plutarque a supprimé la πρόνοια (Providence) en opposant à Dieu le mal, la différence. Ses autres descriptions sont purement inconceptuelles et syncrétiques ; il montre d’ailleurs en tout qu’il ne se soucie que de l’individu, et non de Dieu. Épicure, par conséquent, est honnête au point de ne pas laisser Dieu lui non plus se soucier de l’individu.

La dialectique intérieure de ses pensées ramène donc nécessairement Plutarque à parler de l’âme individuelle au lieu de parler du divin, et il en vient au λόγος περὶ ψυχῆς (discours à propos de l’âme). Épicure dit ὥστε ὑπερχαίρειν τὸ πάνσοφον τοῦτο δόγμα καὶ θεῖον παραλαβοῦσαν, ὃτι τοῦ κακῶς πράττειν πέρας ἐστὶν αὐτῆ τὸ ἀπολέσθαι καὶ φθαρῆναι καὶ μηδὲν εἶναι… »228.[1]. [Plut, de eo quod 1103, 23]

On ne doit surtout pas se laisser induire en erreur par les mots pleins d’onction de Plutarque. Nous verrons qu’il supprime chacune de ses déterminations. Déjà le parachute artificiel τοῦ κακῶς πράττειν πέρας (de la fin de tout mal), dans lequel l’ἀπολέσθαι et φθαρῆναι et μηδὲν εἶναι (périr… être détruit… n’être rien) sont en opposition, montre, là où est le point essentiel, la minceur du premier côté et la triple intensité de l’autre.


[L’immortalité individuelle]


[1. Du féodalisme religieux. L’enfer de la populace]


Plutarque fait une nouvelle classification, distinguant le rapport τῶν ἀδίκων καὶ πονηρῶν[2], puis des πολλῶν καὶ

  1. . Elle doit ressentir la plus haute félicité quand elle entend cette maxime divine et pleine de sagesse, selon laquelle la fin de tout mal est pour l’âme la perte, la destruction, et le néant.
  2. . Des êtres coupables d’injustice et méchants.