Page:Marx - Différence de la philosophie de la nature chez Démocrite et Épicure.djvu/158

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On ne saurait ici faire appel à aucune demi-mesure. Si n’importe quelle différence concrète de l’individu doit tomber (ce que montre cette vie elle-même), toutes celles qui ne sont pas en soi universelles et éternelles doivent tomber. Si l’individu doit être indifférent à cette μεταβολή (transformation), il ne reste que cette gousse d’atomes qui enveloppait le contenu antérieur, c’est-à-dire la doctrine de l’éternité des atomes.


Celui pour qui éternité est comme temps
Et temps comme éternité
Est libéré
De tout conflit,


dit Jacob Boehme, car la différence ne voudrait pas dire que l’individu persiste, mais au contraire que l’éternel s’oppose au transitoire.


[3. L’orgueil des élus]


Nous en venons maintenant à la classe des ἐπιεικῶν καὶ νοῦν ἐχόντων (les honnêtes gens doués de raison). Il va de soi qu’on ne sort absolument pas de la classe précédente ; au contraire, ce qui apparaissait d’abord comme crainte animale, puis comme crainte humaine, comme plainte angoissée, comme la répugnance à abandonner l’être atomistique, apparaît maintenant dans la forme de l’arrogance, de l’exigence et de la justification. Il s’ensuit qu’il manque à cette classe, telle que Plutarque la définit, le plus souvent la raison. La classe la plus basse n’a aucune prétention, la seconde pleure et consent à tout pour sauver l’être atomistique, la troisième est celle du philistin qui s’écrie : « Mon Dieu, voilà qui serait encore plus beau ! » Un gaillard aussi avisé et honnête devrait aller au diable.


Διὸ τῇ δόξῃ τῆς ἀθανασίας συναιροῦσιν τὰς ἡδίστας ἐλπίδας καὶ μεγίστας τῶν πολλῶν[1]. [Plut. de eo quod 1105, 28]. Quand

  1. . Avec la doctrine de l’immortalité, ils enlèvent à la foule ses espoirs les plus grands et les plus beaux.