Page:Marx - Différence de la philosophie de la nature chez Démocrite et Épicure.djvu/159

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donc Plutarque dit qu’Épicure enlève à la foule, avec l’immortalité, ses espoirs les plus beaux, il aurait été de sa part beaucoup plus exact de dire ce qu’il affirme ailleurs en visant tout autre chose : οὐκ ἀναιρεῖ, ἀλλ’ὥσπερ ἀπόδειξιν αὐτοῦ προστίθησι[1]. [Plut. De eo quod 1105, 27]

Épicure ne dépasse pas ce point de vue, il l’explique, il le porte à son expression conceptuelle. [Extrait de Plut. De eo quod 1105]

Ainsi, ces gens bons et avisés attendent le salaire de la vie après la vie ; mais quelle inconséquence, dans ce cas, d’attendre encore comme salaire la vie, étant donné que pourtant le salaire de la vie, pour eux, diffère qualitativement de la vie. Cette différence qualitative est à nouveau déguisée en une fiction, la vie n’est pas supprimée dans une sphère plus haute, mais transportée ailleurs. Ils ne se posent donc que comme contempteurs de la vie, ils n’ont rien de mieux à faire, ils habillent simplement leur espoir en une exigence.

Ils méprisent la vie, mais leur existence atomistique est le bien dans celle-ci, et l’éternité de leur être atomistique, qui est le bien, ils la désirent. Si l’ensemble de la vie se présentait à eux comme un mirage et un mal, d’où tiennent-ils la conscience d’être bons ? Simplement dans le savoir de soi en tant qu’être atomistique ; et Plutarque va jusqu’à dire qu’ils se contentent presque de cette conscience, que — parce que l’individu empiriquement singulier n’existe que dans la mesure où il est vu par un autre individu — ces hommes bons se réjouissent maintenant de ce qu’après leur mort, les gens qui les ont méprisés bis dato les considèrent maintenant réellement comme les bons, sont contraints de les reconnaître comme tels, et sont punis s’ils ne les tiennent pas pour le bien. Quelle exigence ! Les méchants doivent les reconnaître dans la vie comme les bons, et eux-mêmes ne reconnaissent pas comme le bien les puissances universelles de la vie. N’est-ce pas avoir élevé la fierté de

  1. Ne surmonte pas la crainte de la mort, produis au contraire la preuve qui la justifie.