Page:Marx - Différence de la philosophie de la nature chez Démocrite et Épicure.djvu/160

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l’atome à son plus haut sommet ? N’est-ce pas, dit sèchement, l’aveu de l’arrogance et de la présomption qu’on assigne à l’éternité, et de l’éternité qu’on accorde au sec être pour soi, privé de tout contenu ? Il ne sert à rien de cacher cela sous des fleurs de rhétorique, de dire que personne ici n’est en mesure de satisfaire sa soif de connaissance.

Cette exigence n’exprime rien d’autre que ceci : l’universel devrait être dans la forme de la singularité, en tant que conscience ; cette exigence comble l’universel pour l’éternité. Mais dans la mesure où l’on exige encore que l’universel existe dans cet être pour soi empirique exclusif, cela signifie simplement que ce qui importe, ce n’est pas l’universel, mais au contraire l’atome.

Nous voyons donc Plutarque, dans sa polémique contre Épicure, se jeter pas à pas dans les bras de ce dernier. Mais Épicure développe les conséquences simplement, abstraitement, avec la sécheresse de la vérité ; il sait ce qu’il dit, tandis que Plutarque, dans tout ce qu’il dit, dit autre chose que ce qu’il pense dire, mais au fond pense aussi autre chose que ce qu’il dit. C’est en général le rapport qui existe entre la conscience philosophique et la conscience commune.


[Critique des vues de Plutarque sur d’autres philosophes, nommément sur Platon]


[Extrait de Plut. adv. Col. 1107 E 1]

Si, dans le dialogue précédent, Plutarque a cherché à démontrer à Épicure quod non beate vivi possit (qu’on ne saurait vivre heureux) d’après sa philosophie, il tente à présent de justifier les thèses des autres philosophes contre ce reproche venant des épicuriens. Nous verrons si cette tâche lui réussit mieux que la précédente, où sa polémique peut être appelée pour ainsi dire un panégyrique d’Épicure. Ce dialogue est important en ce qui concerne le rapport d’Épicure aux autres philosophes. Colotès fait un bon mot d’esprit, quand il offre à Socrate du foin à la place de pain,