Page:Marx - Différence de la philosophie de la nature chez Démocrite et Épicure.djvu/166

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


Beatitudo non virtutis praemium, sed ipsa virtus[1] (Spinoza, Eth. V 42).

Nous verrons aussi que Lucrèce comprend Épicure d’une manière infiniment plus philosophique que Plutarque. Le premier principe d’une recherche philosophique est un esprit libre et hardi.


[La critique que fait Lucrèce des philosophies de la nature antérieures]


Il faut apprécier d’abord la pertinente critique des philosophes de la nature antérieurs du point de vue épicurien. Une raison de plus de la considérer, c’est qu’elle met magistralement en évidence ce qu’il y a de spécifique dans la doctrine d’Épicure.

Nous nous attachons ici particulièrement à ce qui est enseigné sur Empédocle et Anaxagore, parce que cela vaut encore plus pour les autres.

1. Il n’y a pas d’élément déterminé qu’on doive tenir pour la substance, car si tout vient se placer en eux et si tout naît à partir d’eux, qui nous donne le droit, dans ce commerce mutuel, de ne pas plutôt tenir la totalité des autres choses pour les principes de ces éléments, étant donné qu’eux-mêmes ne sont qu’une forme déterminée et limitée de l’existence à côté des autres, et qu’eux aussi sont produits par le processus qui crée ces existences ? Et inversement (I, 764-768) [763-767].

2. Si plusieurs éléments sont tenus pour la substance, d’une part ils manifestent leur unilatéralité naturelle en se maintenant en conflit mutuel, en faisant prévaloir leur état déterminé, et ainsi, au contraire, en se disloquant, d’autre part ils tombent dans un processus naturel, mécanique ou

  1. . La béatitude n’est pas la récompense de la vertu, mais la vertu elle-même.