Page:Marx - Différence de la philosophie de la nature chez Démocrite et Épicure.djvu/168

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le feu dans l’air : ainsi naît la pluie qui tombe en bas, ainsi naît la terre. Ce qui apparaît ici est donc leur propre aptitude au changement et non leur persistance, non leur être substantiel qu’ils font prévaloir en tant que principe ; car leur création est plutôt la mort de leur existence particulière, et le résultat de cette création est plutôt la négation de leur persistance (783 sqq.). Cette réciprocité des éléments et des choses naturelles nécessaires à leur persistance signifie seulement que leurs conditions, prises comme leurs forces spécifiques, sont aussi bien en dehors d’eux qu’en eux.

4. Lucrèce en vient maintenant aux Homéoméries d’Anaxagore ; il leur reproche d’être des :

imbecilla nimis primordia… sunt[1]. [I 847],


comme en effet les Homéoméries ont la même qualité, sont la même substance que ce dont elles sont homéoméries, nous devons leur attribuer la même caducité que celle que nous avons devant les yeux dans leurs expressions concrètes. Si le feu et la fumée se cachent dans le bois, alors le bois est un mélange ex alienigenis (de différentes sortes de choses). Si chaque corps était fait de toutes les semences sensibles, il devrait, une fois brisé, démontrer qu’il les contient


[Les atomes comme substance]


Il peut paraître étrange qu’une philosophie comme celle d’Epicure, qui part de la sphère du sensible et qui l’estime comme le critère le plus haut, du moins pour la connaissance, pose comme principe un pareil abstrait, une caeca potestas (puissance occulte, indéterminée) comme l’atome. Là-dessus cf. L. I. 773 sqq., 783 sqq. ; il s’y démontre que le principe doit être un être autonome, ne

  1. . Les éléments primordiaux sont trop faibles.