Page:Marx - Différence de la philosophie de la nature chez Démocrite et Épicure.djvu/173

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Cette declinatio, ce clinamen n’est ni regione loci certa, ni tempore certo (déterminé ni selon le lieu ni selon le temps), il n’est pas une qualité sensible, il est l’âme de l’atome.

Dans le vide, la différence de poids disparaît, car elle n’est pas une condition extrinsèque du mouvement, mais le mouvement lui-même étant-pour-soi, immanent, absolu.


[Extrait de Lucrèce II 235-239.] Lucrèce le fait prévaloir contre le mouvement limité par des conditions sensibles.


[Extrait de Lucrèce II 230-234. 277-280]

Cette potestas (puissance, possibilité), ce declinare (déclinaison, déviation) est l’obstination, l’entêtement de l’atome, son quidam in pectore (le cœur) ; elle n’indique pas son rapport au monde, comme elle indique le rapport du monde mécanique brisé en deux à l’individu singulier.

De même que Jupiter a grandi parmi les danses guerrières déchaînées des Quirites, de même ici le monde grandit au milieu de la lutte tumultueuse des atomes.

Lucrèce est l’authentique poète épique romain, car il chante la substance de l’esprit romain. Au lieu des figures sereines, fortes, toutes d’une pièce d’Homère, nous avons ici des héros solides, à l’armure impénétrable, auxquels manquent toutes les autres propriétés ; nous avons la guerre de tous contre tous, la forme pleine de raideur de l’être pour soi, une nature divinisée et un dieu naturalisé.


[Les qualités extérieures de l’atome]


Nous en venons maintenant à la détermination des qualités extérieures de l’atome ; leur qualité spécifique, intérieure et immanente, mais qui est plutôt leur substance, nous l’avons examinée. Ces déterminations sont très faibles chez Lucrèce, et c’est en général une des parties les plus difficiles et les plus arbitraires de la philosophie d’Epicure dans son ensemble.