Page:Marx - Différence de la philosophie de la nature chez Démocrite et Épicure.djvu/188

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positif est un fondement mythique, un fondement qui s’appuie sur des mythes.

Et c’est ici l’instant critique où l’œuf tressaute avant l’éclosion. Dans les développements de questions déterminées, morales, religieuses, ou même portant sur la philosophie de la nature comme dans le Timée, Platon ne se montre pas à la hauteur avec son interprétation négative de l’absolu ; là, il ne suffit pas de tout noyer au sein d’une de ces nuits où, comme dit Hegel, toutes les vaches sont noires ; c’est alors que Platon empoigne l’interprétation positive de l’absolu, et la forme essentielle de cette interprétation, fondée en elle-même, est le mythe et l’allégorie. Là où l’absolu se tient d’un côté et la réalité positive limitée de l’autre, et où on doit pourtant maintenir le positif, ce positif devient le médium à travers lequel la lumière absolue perce, la lumière absolue éclate en un fabuleux jeu de couleurs, et le fini, le positif indique autre chose que lui-même, il a en lui une âme pour laquelle ce changement en chrysalide est un sujet d’émerveillement ; le monde entier est devenu un monde des mythes. Toute figure est une énigme. Ce phénomène s’est répété aussi à l’époque moderne, conditionné par une loi semblable.

Cette interprétation positive de l’absolu et son vêtement mythico-allégorique sont la source jaillissante, la pulsation de la philosophie de la transcendance, d’une transcendance qui a un rapport essentiel à l’immanence en même temps qu’elle la déchire essentiellement. Ici, sans doute, la philosophie platonicienne s’apparente à toute religion positive et surtout à la religion chrétienne qui est la philosophie achevée de la transcendance. Voilà donc un des points de vue d’où on peut effectuer un rattachement plus profond du christianisme historique à l’histoire de la philosophie ancienne. À cette interprétation positive de l’absolu est lié le fait que pour Platon un individu comme tel, Socrate, est le miroir, pour ainsi dire le mythe de la sagesse, et le fait qu’il le nomme le philosophe de la mort et de l’amour. On ne dit pas ainsi que Platon a dépassé le Socrate historique. L’in-