Page:Marx - Différence de la philosophie de la nature chez Démocrite et Épicure.djvu/190

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le savoir étendu de Démocrite devient l’objet d’un reproche moraliste (p. 563) ; on dit de ce savoir que l’élan du discours qui feint une haute inspiration devait « trancher » sur les sentiments bas qui sont à la base de son point de vue de la vie et du monde (p. 564). Cela ne doit pas être une remarque historique ! Pourquoi y aurait-il eu, justement, à la base de sa conception, ces sentiments, et non plutôt inversement le mode spécifique de sa conception et de son intelligence du monde à la base de ces sentiments ? Non seulement le dernier principe est plus historique, mais c’est aussi le seul qui donne à l’examen des sentiments d’un philosophe le droit de prendre place dans l’histoire de la philosophie. C’est là que nous voyons ce qui s’est exposé à nous comme système dans la figure d’une personnalité spirituelle ; nous voyons pour ainsi dire le démiurge vivant au milieu de son monde.

« De même teneur est aussi le principe de Démocrite selon lequel on devrait accepter un originel, non devenu, car le temps et l’infini ne sont pas devenus, si bien que chercher leur fondement reviendrait à chercher le commencement de l’infini. On ne peut voir ici qu’un refus sophistique de la question de la cause première de la totalité des phénomènes. » (p. 567.)

Je ne peux voir dans cette explication de Ritter qu’un refus moraliste de la question de la raison de cette définition de Démocrite ; l’infini est placé, en tant que principe, dans l’atome. Cela réside dans sa détermination. Demander une raison pour cette détermination serait évidemment supprimer détermination conceptuelle de l’atome.

« Démocrite n’attribue aux atomes qu’une qualité physique, la pesanteur… on peut ici aussi reconnaître encore l’intérêt mathématique qui cherche à sauver la possibilité d’appliquer la science mathématique au calcul du poids. » (p. 568.)

« Les atomistes dérivaient donc aussi le mouvement de la nécessité, en pensant cette nécessité comme l’absence de raison du mouvement qui retourne à l’indéterminé. » (p. 570.)