Page:Marx - Différence de la philosophie de la nature chez Démocrite et Épicure.djvu/313

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

quand on le conçoit comme tombant en ligne droite[1] ». Il ne considère dans la chute que la ligne droite décrite, et cela parce qu’il y retrouve la dialectique du point et de la ligne, que le corps avait, en principe, dépassée. Ce qui fait que nous rencontrons de nouveau la déclinaison au niveau de la pesanteur, fonctionnant exactement comme au niveau de l’espace. Exprimée selon la pesanteur : l’atome qui a son centre en dehors de lui se pose lui-même comme centre, oppose au mouvement de chute son propre mouvement. Il affirme ainsi sa pesanteur spécifique, dépassant le plan de la pure mécanique. Dans cette détermination, il est simplement fait abstraction de la pesanteur matérielle ; celle-ci est donc niée abstraitement et non intégrée. On retrouve l’opposition singularité-pour-soi / unité-universalité-matière.


3) L’atome comme concept.

Au niveau du point comme à celui du corps, l’atome est investi d’une puissance d’affirmer son être-pour-soi contre toute matérialité, puissance qui dépasse chaque fois la sphère considérée. Il contient un principe spirituel. Que son être-pour-soi soit la projection de la conscience de soi abstraite — laquelle est l’être-pour-soi total — lui permet d’affirmer contre tout cet être-pour-soi. L’atome est donc à la fois autre chose qu’un point et autre chose qu’un simple corps : il est, par excellence, la forme. On peut lui appliquer la définition que Hegel donne du concept : « Le concept existant librement pour soi, Moi = Moi, est en et pour soi la liberté et la négativité absolues. Il est la puissance du temps[2]. »

Or, c’est encore la déclinaison qui représente cette conceptualité de l’atome. L’atome n’y dévie pas seulement de la ligne droite, mais de tout être-là en général, de tout être-autre, de toute matérialisation. La dialectique du point

  1. . Cf. Dissertation : chapitre « la Déclinaison ».
  2. . Encyclopédie, éd. cit., p. 145.