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et de la ligne comme celle du point de gravité et de la chute sont gommées par un point et un corps anarchiques, investis par un coup de force de la dignité du concept. L’atome est un être-là condamné à n’être point là, car, s’il était là, il ne serait plus ce qu’il est et donc ne serait plus. La déclinaison introduit dans cet être-là la détermination-en-soi-même : « Ce n’est que du clinamen que naît l’automouvement, le rapport qui possède sa déterminité comme déterminité de soi-même et ne l’a pas dans un autre[1]. L’atome est donc bien à la fois matière et forme, mais cet « à la fois » désigne non pas une synthèse, mais une lutte. Dans la mesure où l’atome est concept, il n’est pas forme, et inversement. Il faut alors examiner quel ordre, quelle progression donne Marx au développement des moments de l’atome.


b) L’IDENTITÉ DES ATOMES


L’atome pris selon son concept ne peut se rapporter qu’à lui-même. Nous avons vu que Hegel faisait de l’attraction la position de l’unité affirmative qui assurait l’identité concrète des atomes. Pour Marx, la déclinaison est le principal (sinon le seul) mode d’identité des atomes entre eux et de l’atome avec lui-même. « Tandis que le monde se crée, tandis que l’atome se rapporte à lui-même, c’est-à-dire à un autre atome, son mouvement n’est donc pas celui que soumet un être-autre, celui de la ligne droite, mais celui qui en dévie et se rapporte à lui-même[2]. » L’identité générale qui fait que l’atome est semblable à l’autre atome n’est pas une unité posée (médiate), mais une unité abstraite-formelle, accentuant le moment de l’Un dans son être en soi. L’atome qui dévie se rapporte uniquement à lui-même   ; mais ce mouvement de déviation le conduit nécessairement à rencontrer l’ autre atome. L’atome ne reconnaît pas l’autre

  1. . Travaux préparatoires, fragment : l’Atome comme forme immédiate du concept, la Déclinaison.
  2. . Travaux préparatoires, le Clinamen (nous soulignons).