Page:Marx - Différence de la philosophie de la nature chez Démocrite et Épicure.djvu/330

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Le principe de l’observation de la nature est l’analogie (que nous avons déjà vu fonctionner dans la Canonique : on peut conclure du connu à l’inconnu, car une communauté analogique unit les deux termes). Hegel souligne que c’est le même principe qui régit aux temps modernes la science de la nature (p. 493).

Epicure est donc très libéral, car l’application de la représentation à l’objet peut se faire de toutes sortes de manières, à volonté. Epicure se livre ainsi à un bavardage vide qui emplit les oreilles et la représentation, mais qui disparaît sitôt qu’on le considère de plus près (p. 494). Aussi vide est la science moderne de la nature. Aristote et les philosophes antérieurs sont partis a priori de pensées universelles dans la philosophie de la nature et ont développé le concept à partir de lui-même. C’est le premier côté. L’autre côté est ce côté nécessaire, que l’expérience a été élevée a l’universalité et que les Lois ont été découvertes (p. 496, 497). C’est que ce qui suit de l’idée abstraite rencontre la représentation universelle à laquelle l’expérience, l’observation est définitivement préparée et élevée (p. 497). Il manque à Aristote le côté de la combinaison, de la connexion avec l’expérience et l’observation. On peut dire ainsi qu’Epicure est celui qui a découvert la science empirique de la nature, la psychologie empirique. Opposés aux buts, aux concepts de l’entendement des stoïciens, on a l’expérience, le présent sensible. Chez les stoïciens règne l’entendement abstrait et borné, n’ayant pas de vérité en soi, donc privé de la présence et de la réalité effective de la nature. Ici, on a le sens de la nature, plus vrai que les hypothèses stoïciennes (p. 497).

C’est une loi générale, dit Hegel, que la connaissance des lois de la nature supprime la superstition. Le procédé de la superstition n’a en tout cas rien de rationnel, il ne se tient pas dans la pensée, mais pareillement dans la représentation, et il procède directement par inventions, ou, si l’on veut, par mensonges. Contre cela, le procédé d’Epicure possède la vérité, s’il s’agit de la représentation et non de la