Page:Marx - Différence de la philosophie de la nature chez Démocrite et Épicure.djvu/39

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Accentuant le développement infini de la dialectique, Marx est confronté à l’exigence de penser la scission réapparue, à propos de l’État prussien, entre l’Esprit et le Monde. Il résout le problème (mais cette résolution n’est que limitée et provisoire) par le concept d’alternance. Cette solution lui permet avant tout de ne pas retomber, comme Bauer, dans la philosophie de Kant ou dans celle de Fichte.

« Ce qui apparaît au premier abord comme une opposition absolue entre la philosophie et le monde, la conscience et la substance, se révèle à l’analyse comme une action réciproque des deux éléments antithétiques ; philosophie et monde, conscience et substance ne doivent pas être considérés en effet métaphysiquement en eux-mêmes, comme des entités isolées, absolues, mais conçues dans leurs rapports et leur unité dialectique. Après s’être séparée du monde et opposée à lui pour le transformer, la philosophie s’intègre à nouveau en lui, et détermine ainsi par son alternance d’intégration et d’opposition le développement rationnel infini du monde[1]. » Cette conception est exposée dans les Travaux préparatoires (« Points nodaux dans le développement de la philosophie ») et dans un fragment des Remarques à la Dissertation. Marx rouvre ainsi la possibilité de l’histoire en ne posant plus de limite à son développement. Adversaire de l’ « une fois pour toutes », il critique l’impérialisme du spéculatif qui n’est que la production par la conscience de soi de ses désirs. Être le monde et être éternel, tels sont les désirs qui se profilent derrière le Savoir absolu. Marx attribue au monde une réalité indépendante de l’esprit : du coup, le rapport de la conscience de soi au monde se caractérise par l’action et l’interaction réciproque et alternante des deux termes.

Dans cet espace de la Praxis s’énonce le principe : aucune coupure, aucune rupture, aucune prise de conscience,

  1. . Cornu, op. cit., I, 191.