Page:Marx - L’Allemagne en 1848.djvu/145

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Assemblée endormie se réveilla aussitôt en présence du danger et émit un vote refusant sa confiance au cabinet ; il eut pour réponse un décret transportant l’Assemblée de Berlin, où elle pouvait en cas de conflit compter sur l’appui des masses, à Brandebourg, petite ville de province entièrement sous la dépendance du Gouvernement.

L’Assemblée déclara qu’elle ne pouvait être ni ajournée, ni déplacée, ni dissoute sans son consentement. Pendant ce temps le général Wrangel entrait à Berlin à la tête d’une armée de près de quarante mille hommes. Dans une réunion des magistrats municipaux et des officiers de la garde nationale, il fut décidé de n’opposer aucune résistance. Et alors, après que l’Assemblée et la bourgeoisie libérale qui lui fournissait ses membres eurent permis au parti réactionnaire réuni d’occuper tous les postes importants et d’arracher de leurs mains presque tous les moyens de défense, — alors commença la grande comédie de la « résistance légale et passive » par laquelle on avait l’intention d’imiter glorieusement l’exemple de Hampden et les premiers efforts faits par les Américains dans la guerre pour l’Indépendance. L’état de siège fut déclaré à Berlin, et Berlin resta tranquille ; la garde nationale fut dissoute par le Gouvernement et rendit ses armes avec la plus grande ponctualité. L’Assemblée fut, pendant quinze jours, chassée d’un lieu de réunion à l’autre et dispersée par les troupes, et les membres de cette Assemblée priaient les citoyens de rester