Page:Marx - L’Allemagne en 1848.djvu/207

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question, il fabriquait toutes les semaines de prétendus rapports sur les prétendues séances du prétendu Comité central de cette même conspiration que la police prussienne ne pouvait arriver à saisir. Le contenu de ces rapports était absurde au plus haut point. Aucun prénom n’était exact, aucun nom n’était écrit correctement, pas une seule personne ne tenait les discours qu’elle aurait tenus en réalité. Son maître Fleury l’aidait dans ses faux, et il n’est pas encore prouvé que l’ « attaché » Greif n’ait pas trempé dans ces infamies. Le Gouvernement prussien, chose incroyable, prit ces folles élucubrations pour une vérité sacrée, et vous pouvez vous imaginer quelle confusion ces rapports devaient apporter dans les témoignages faits devant le jury. Lorsque vint l’audience terminale, M. Stieber, l’officier de police déjà mentionné, parut comme témoin, affirma par serment toutes ces absurdités, et assura avec une grande suffisance qu’il avait un agent secret qui était en relations très intimes avec ceux que l’on considérait à Londres comme les instigateurs de la terrible conspiration. Cet agent secret était, en effet, très secret, car il s’était caché pendant huit mois à Kensington, de peur de rencontrer vraiment une de ces personnes dont il prétendait relater, semaine par semaine, les pensées, les paroles et les actions les plus secrètes.

MM. Hirsch et Fleury avaient, d’ailleurs, une autre invention en réserve. Ils forgèrent, avec les