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Page:Marx - L’Allemagne en 1848.djvu/208

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rapports qu’ils avaient faits, un « cahier de procès-verbal original » des séances du Comité secret suprême dont l’existence était affirmée par la police prussienne. Et M. Stieber, trouvant que ce cahier concordait merveilleusement avec les rapports qu’il avait déjà reçus des mêmes personnes, l’apporta aussitôt au jury, affirmant sous serment qu’un sérieux examen et sa conviction la plus profonde lui permettaient de dire que ce livre était authentique. C’est alors que la plupart des absurdités racontées par Hirsch devinrent publiques. On peut s’imaginer la surprise des membres de ce prétendu Comité secret lorsqu’ils virent raconter sur leur compte des choses qu’ils ignoraient parfaitement auparavant. Quelques-uns s’appelaient Guillaume, tandis qu’ils étaient baptisés Louis ou Charles. D’autres étaient représentés comme ayant prononcé des discours à Londres, tandis qu’ils se trouvaient à l’autre extrémité de l’Angleterre, d’autres furent dits avoir lu des lettres qu’ils n’avaient jamais reçues. On prétendait qu’ils se réunissaient régulièrement tous les jeudis, alors qu’ils se réunissaient hebdomadairement en société, le mercredi. Un ouvrier, qui savait à peine écrire, figurait comme l’un des secrétaires ayant fait le procès-verbal et avait signé comme tel. Et à tous on faisait tenir un langage qui, pour être celui des postes de police prussiens, n’était certainement pas celui des réunions où des écrivains favorablement connus dans leur pays for-