Page:Marx - L’Allemagne en 1848.djvu/256

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le présent conflit parce que la Constitution n’existait pas : elle était encore à créer.

Mais un refus d’impôt tel qu’il se présente dans le cas actuel, refus par lequel on ne se contente pas de rejeter le nouveau budget, mais on interdit encore le paiement des impôts courants, un tel refus n’a rien d’inouï. C’était un fait très fréquent au moyen âge. Même l’ancienne Diète impériale allemande (Reichstag), les anciens États féodaux du Brandebourg ont pris des décisions tendant à refuser les impôts. Dans les pays constitutionnels modernes, les exemples ne manquent pas. En 1832, le refus des impôts amena, en Angleterre, la chute du ministère Wellington. Et remarquez-le bien. Messieurs : Ce n’est pas le Parlement qui, en Angleterre, refusa alors les impôts, ce fut le peuple qui proclama ce refus et l’exécuta dans la plénitude de sa puissance. Mais l’Angleterre est le pays historique du constitutionnalisme.

Je suis très éloigne de le nier : la Révolution anglaise, qui a fait monter Charles Ier sur l’échafaud, a commencé par le refus des impôts. La Révolution de l’Amérique du Nord, qui se termina par la déclaration d’indépendance, commença par le refus des impôts. Ce refus peut de même, en Prusse, annoncer des choses très graves. Mais ce qui conduisit Charles Ier à l’échafaud, ce ne fut pas John Hampden, mais son égoïsme, la dépendance où le tenaient les États féodaux, sa présomption de vouloir réduire par la violence les