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de juin 1849 au 10 mars 1850
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lais national » ; on se rendit au « Conservatoire des Arts et Métiers » où l’on devait rencontrer la Ve et la VIe légion de la garde nationale. Mais les Montagnards attendirent en vain après elles. Les gardes-nationaux, prudents, abandonnaient les représentants. L’artillerie de Paris empêcha elle-même le peuple d’élever des barricades. Une confusion chaotique rendait toute décision impossible. Les troupes de lignes s’avancèrent, la bayonnette croisée. Une partie des représentants furent faits prisonniers, les autres s’échappèrent. Ainsi se termina le 13 juin.

Si le 23 juin 1848 avait été l’insurrection du prolétariat révolutionnaire, le 13 juin 1849 était celle de la petite bourgeoisie démocrate. Chacun de ces mouvements exprimait avec une pureté classique la classe qui l’avait créé.

A Lyon seulement on en vint à un conflit opiniâtre, sanglant. Dans cette ville où la bourgeoisie et le prolétariat industriels se trouvent directement face à face, où le mouvement ouvrier n’est pas, comme à Paris, enveloppé, déterminé par le mouvement général, le 13 juin perdit, par contrecoup, son caractère originel. Dans les autres endroits de la province où il éclata, il ne mit le feu à rien : c’était un éclair de chaleur.

Le 13 juin clôt la première période d’existence de la République constitutionnelle, dont la vie normale datait de la réunion de l’assemblée législative. Tout ce prologue est rempli par la lutte