« A chaque capacité suivant ses œuvres[1] »
Cependant Louis Bonaparte mettait à profit les vacances de l’Assemblée nationale pour faire des voyages princiers dans les provinces. Les légitimistes les plus ardents allaient en pèlerinage à Ems visiter le descendant de Saint-Louis. La masse des amis de l’ordre représentants du peuple intriguait dans les conseils départementaux qui venaient de se réunir. Il fallait faire déclarer à ces assemblées ce que n’osait encore la majorité de l’Assemblée nationale : l’urgence de la revision immédiate de la constitution. En vertu de cette constitution, celle-ci ne pouvait-être revisée qu’en 1852 par une Assemblée nationale, convoquée spécialement à cet effet ; mais si la majorité des assemblées départementales se prononçait dans le sens de la revision immédiate, l’Assemblée nationale ne devrait-elle pas obéir à la voix de la France ? La législative espérait des conseils départementaux ce que les nonnes de la Henriade de Voltaire attendent des Pandours. Mais les Putiphars de l’assemblée n’avaient affaire, en province, à peu d’exception près, qu’à des Josephs. L’énorme majorité ne voulait pas comprendre cette insinuation pressante. La revision de la constitution fut ajournée par le moyen même qui devait la faire naître, par le vote des assemblées départementales. La voix de la France et de la France bourgeoise avait parlé : elle s’était prononcée contre la revision.
- ↑ En français dans le texte.