mépris qu’il inspire ; la République n’est pas autre chose que la combinaison sous une étiquette impérialiste des infamies de deux monarchies, la restauration et le gouvernement de Juillet ; les alliances conclues ont pour clause première la division, les batailles ont pour première loi le manque de décision : au nom de l’ordre, on se livre à une agitation sauvage et sans objet, au nom de la révolution on prêche en termes magnifiques ; ce ne sont que passions sans vérité, vérité sans passion, héros sans action héroïque, histoire sans événement ; l’évolution semble n’avoir que le calendrier pour tout ressort et s’épuise dans la répétition constante des mêmes expansions et des mêmes contractions ; les antagonismes ne paraissent atteindre une certaine acuité que pour s’émousser et se confondre sans pouvoir se résoudre ; les bourgeois affectent des efforts prétentieux pour la galerie et tremblent à la pensée de la fin du monde ; les sauveurs de leur côté se livrent aux intrigues les plus mesquines et à des comédies de cour dont le « laisser aller » rappelle moins les temps modernes que l’époque de la Fronde ; l’imbécillité astucieuse d’un seul individu ruine tout le génie public de la France ; toutes les fois que la volonté nationale parle par la voix du suffrage universel, elle cherche l’expression qui lui convient dans les ennemis surannés des intérêts de la masse jusqu’à ce qu’elle la trouve dans l’opiniâtreté d’un flibustier. Si jamais période historique prit l’aspect
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le xviii brumaire de louis bonaparte
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