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la lutte des classes en france

Entre temps. Bonaparte se hâtait de relever le ministre de la Guerre, d’Hautpoul, de ses fonctions, de l’expédier précipitamment à Alger et de nommer le général Schramm ministre à sa place. Le 12 novembre, il envoie à l’Assemblée nationale un message d’une prolixité américaine, surchargé de détails, embaumant l’ordre, brûlant de désirs de conciliation, résigné à la constitution, traitant de tout et de chacun, sauf des questions brûlantes du moment. Il laisse échapper, comme en passant, que conformément aux dispositions expresses de la constitution le président seul dispose de l’armée. Le message se termine par ces protestations solennelles :

« La France demande avant tout du repos… Uniquement lié par un serment, je resterai dans les limites étroites qu’il m’a tracées. Pour moi, choisi par le peuple et lui devant uniquement mon pouvoir, je me conformerai toujours à sa volonté légalement exprimée. Si vous décidez au cours de cette session la revision de la constitution, une Assemblée constituante réglera la situation du pouvoir exécutif, sinon le peuple en 1852 fera connaître solennellement sa décision. Mais quelles que puissent être les solutions que l’avenir nous réserve, accordons nous à ne jamais laisser la passion, la surprise ou la violence décider du sort d’une grande nation… Ce qui requiert avant tout mon attention, ce n’est pas de savoir qui gouvernera la France en 1852, mais c’est d’employer le temps dont